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« Chéris ton futur » de Barbara Carlotti : au jeu de l’amour et du hasard

La chanteuse au timbre troublant publie « Chéris ton futur », nouvel album qui fait la part belle aux sentiments extatiques. Une nouvelle réussite à un palmarès déjà bien garni.

Clément Garcia , l'Humanité

On attend forcément avec impatience Barbara Carlotti, l’une des chanteuses les plus esthètes de ces vingt dernières années, naviguant avec aise dans les eaux d’une chanson lettrée, suggestive, admirablement produite et chantée. Son dernier album, consacré à son île corse, sortait après Magnétique (2018) qui, comme son nom l’indique, nous avait scotchés et appelait une suite du même tonneau.

C’est chose faite avec Chéris ton futur, voyage pop enivrant et célébration pétulante des sens. La chanteuse a toujours su s’entourer et ce n’est pas le moindre de ses talents : Bertrand Belin ou Philippe Katerine, les arrangeurs Bertrand Burgalat ou Fred Pallem, un passage remarqué par le label 4AD, refuge anglais mythique des sons indé. Des collaborations qui ont fixé l’étoile au centre d’une galaxie musicale des plus stimulantes.

Avec son nouvel album, elle conserve ses amis mais renouvelle l’écurie en s’adjoignant les talents de l’arrangeur Maxime Daoud, qui forme avec Adrien Soleiman (habilleur sonore pour Juliette Armanet, Philippe Katerine, Alain Chamfort ou Justice) la fratrie la plus cotée du moment. Une production très carrée, à rebours des tentations organiques, mais qui remet parfaitement la chanteuse au goût du jour, grâce notamment aux saillies électro de Julien Barthe, alias Plaisir de France, avec lequel elle avait signé Herbes mauves, succès de soirées.

Célébrer les icônes et la dolce vita

Dès la Chamade, morceau inaugural, on enchaîne basses bondissantes et accords majeurs-mineurs pour atterrir à Saint-Tropez, dans un décor que Carlotti affectionne, celui des sixties et du cinéma à la papa, Deneuve et Piccoli en témoins d’une histoire d’amour qui ne veut pas s’écrire.

Du Carlotti pur jus, elle qui s’est toujours plu à prendre le soleil, à magnifier les icônes et à célébrer la dolce vita. Elle est peut-être plus joueuse, plus détachée qu’avant, ce qui rend cet album finalement étrange et original à une époque où l’esprit de sérieux s’impose à tous. Il est bien question de la mort dans l’inhospitalière Chéris ton futur !, qui donne son titre à l’album, mais sans drame, crûment, fatalement, interchangeable avec la vie ou l’amour.

Formée à l’école lyrique, la chanteuse a poli son timbre magnétique. Plus profonde dans les graves, toujours troublante quand elle épelle l’alphabet sur le B-A BA, chanson sulfureuse où les jeux oraux répondent à la lettre Q. On se souvient qu’elle avait publié il y a deux ans l’Art et la manière, un fort beau recueil de nouvelles qui revendiquait la part féministe de l’aventure érotique.

Elle s’y tient en instaurant tout du long un jeu de l’amour (Fantôme atomique) et du hasard (l’Inconnu, avec Katerine aux chœurs) qui titille les sens. Rien d’étonnant à ce que l’album se termine avec le Syndrome de Stendhal, belle envolée pop qui figure le sentiment extatique provoqué par le beau. C’est peut-être au même Stendhal qu’elle emprunte cet érotisme de l’absence, où une main, un souffle, un regard allument des brasiers bien plus conséquents qu’un défilé d’images porno.

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