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« The Human Fear », retour distingué pour Franz Ferdinand

Le groupe de rock écossais brise sept ans de silence avec The Human Fear, un nouvel album qui ausculte les peurs contemporaines en perpétuant leur manière distinguée de faire danser.

Clément Garcia, l'Humanité

Deux décennies plus tard, que reste-t-il du retour du rock ? C’était au début des années 2000, avec en vedettes les Libertines de Peter Doherty, les White Stripes de Jack White, les Strokes de Julian Casablancas, les Black Keys et autres Arctic Monkeys qui ressortaient les guitares des étuis et rebranchaient les amplis en formation serrée. Hier jeunes gens prêts à en découdre, les voilà tous désormais proches de la cinquantaine, âge vénérable qui n’a empêché ni les (nouveaux) retours gagnants pour les uns (les Strokes, Arctic Monkeys), ni les bégaiements pour les autres (Libertines, Black Keys).

Dans la bande, les Écossais de Franz Ferdinand s’étaient taillé une place originale, à mi-chemin entre britpop, rock intello et disco-funk. Le plus ostensiblement arty des groupes de la période, qui n’avait plus donné signe de vie depuis 2018 avec l’anecdotique Always Ascending, signe son retour en publiant The Human Fear, nouvel album à l’ambition toujours esthétisante que résumait leur nom chic emprunté à l’archiduc austro-hongrois dont l’assassinat allait déclencher la Première Guerre mondiale, qui enfanterait à son tour et dans la douleur notre modernité.

Du nom du groupe, ils ont tiré une identité qui emprunte au graphisme constructiviste des années 1920, jusqu’à reprendre sur leur second album le célèbre portrait signé Rodchenko d’une Lili Brik, compagne de Maïakovski et sœur d’Elsa Triolet, qui hurlait le nom du défunt aristocrate.

Pop astucieuse et voix brumeuse

Leur dernier coup d’éclat, Right Thoughts, Right Words, Right Action, en 2013 (produit par Mark Ralph que l’on retrouve ici), commençait à dater et on n’espérait plus les revoir en si belle forme. The Human Fear, dont la pochette s’inspire cette fois-ci de l’autoportrait de l’artiste hongroise Dora Maurer, avec mains baladeuses et angles droits, renoue avec leur élégance. « Une série de chansons à la recherche de ce frisson que l’être humain peut ressentir à travers ses peurs », lâche à son propos le chanteur et leader du groupe, Alex Kapranos.

Pas évident à la première écoute d’éprouver le moindre effroi dans ces onze titres de pop astucieuse et parfaitement articulée, voire calibrée. On y entend autant l’inspiration de l’Electric Light Orchestra de Jeff Lynne (Audacious), que la britpop subtile de Supergrass (Night or Day).

Mais surtout la permanence d’une identité sonore qui avait fait leur succès, avec la belle tenue de la voix brumeuse du dandy Kapranos sur les beats disco de Everyday Dreamer, l’électro-pop de Hooked-Up ou l’énergie de Build It Up, ballade dodelinante charpentée et tellement « british ».

Mais les Écossais voient toujours plus loin que le bout de leur nez, qui savent emmener leurs morceaux vers quelques surprises mélodiques et harmoniques (la construction audacieuse de Tell Me I Should Stay). Si l’inspiration se tarit un brin dans la seconde moitié du disque, c’est sans sacrifier à leur ton distingué. Une agréable surprise, en somme, pour un album qui ressemble furieusement à leurs auteurs : classieux, dansant et affûté.

The Human Fear, Franz Ferdinand, Domino Records.

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