Il est l’une des plus fortes voix du flamenco actuel... cantaor, journaliste, intello, chercheur... des textes de feu, les veines qui éclatent, les poings qui se serrent à en saigner, de colère, de rébellion, de douleur, et une voix, une voix en état de grâce, qui vous prend aux neurones, au corps, à la testostérone, à l’adrénaline, aux instincts... les meilleurs, à la raison, aux zones obscures de la jouissance...
J’ai connu Juan à travers les luttes du Syndicat andalou des travailleurs, à Somonte, à Marinaleda... Il se bat pour que la terre devienne un bien commun et contre la vaste entreprise de dépolitisation de la société, donc du flamenco. L’histoire des Gitans reste une histoire de persécutions, de soumissions imposées par la répression, l’exclusion, l’expulsion, par les charognards de toujours... Faire sortir le flamenco de l’histoire, le lisser, l’épurer, évacuer sa dimension d’engagement social, même non explicite, c’est le formater, le « mondialiser », pour mieux le neutraliser, le folkloriser et le vendre.