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Rencontre avec Julien Doré et présentation de son nouveau album

Dans son sixième album, « Imposteur », le chanteur de 42 ans livre la bande-son de son parcours en réinterprétant Mylène Farmer, Axelle Red, William Sheller ou encore Eddy Mitchell et pousse l’exercice jusqu’à reprendre… les reprises d’Alizée et de Dalida qui lui avaient permis de percer en 2007 dans le télécrochet de M6, « Nouvelle Star ».

« Je peux tout chanter, j’ai gagné la « Nouvelle Star » ! », plaisante Julien Doré, fin août, lors de la présentation de ce nouveau disque ultra-éclectique. Dix-sept ans après ses débuts, le musicien y revisite sans afféterie et avec une certaine volupté 17 tubes allant de « Pull marine », d’Isabelle Adjani, à « Fly Me to the Moon », magnifié par Frank Sinatra, en passant par la comptine « Ah, les crocodiles ». Remarqué d’entrée de jeu pour son art consommé de la reprise, son ukulélé et ses tatouages inspirés par Marcel Duchamp, ce touche-à-tout sait se renouveler. Rencontre avec un sudiste frais comme un Gardois qui cultive aussi bien son potager que sa liberté.

Après avoir parlé de transmission et d’écologie dans l’album précédent, « Aimée », vous revenez aux chansons d’amour qui ont fait votre succès…

La différence, c’est que ce ne sont pas les miennes, mais il n’y a pas de séparation entre les mots que j’écris et ceux des autres. Tout ça, c’est un peu moi. C’est une manière de regarder d’où je viens après dix-sept ans de carrière. Et je suis désormais papa, mon fils a 3 ans et demi. Je remue la boule à neige de la nostalgie, j’avais besoin de ce sas-là pour réécrire des chansons suffisamment fortes par la suite.

Avez-vous ressenti ce syndrome de l’imposteur ?

Oui, je me suis demandé si j’avais vraiment le droit de vivre ce bonheur-là. L’imposture est un poison qui circule en nous, s’oublie et parfois revient. Fort heureusement, je me pose toujours la question de savoir si je suis un vrai chanteur ! Cela me permet de me remettre en question.

Comme sur le tube d’Axelle Red, « Sensualité », qui est porté par la guitare flamenca…

J’ai envoyé un refrain et un couplet à Kema Baliardo, le guitariste soliste des Gipsy Kings, qui nous a ensuite rejoints en studio, c’était magique. Il y a cette chaleur des sons de mon enfance au travers des Gipsy Kings que j’écoutais. L’un de ses membres, André Reyes, a d’ailleurs dédicacé ma première guitare. Cette famille de sons est très présente chez moi, tout comme l’est Francis Cabrel.

On vous sent très ému de chanter avec lui « Un homme heureux », de William Sheller. Francis Cabrel est-il un modèle pour vous ?

Oui, il représente mon enfance et la raison pour laquelle je fais de la musique. En plus il m’a dit : « Tu chantes bien. » Se rend-il bien compte à quel point sa phrase me traverse ? C’est un des derniers artistes avec Mylène Farmer qui a l’audace de cultiver le silence et l’absence dans une époque où dominent la surmédiatisation et la surexistence. Ce contre-pied pudique m’inspire plus que tout.

C’est notamment ce qui vous a poussé à quitter Paris pour venir vous installer dans un village des Cévennes il y a sept ans. Avez-vous écrit ces nouvelles versions en regardant pousser votre potager ?

C’était au moment où les plants d’aubergines et de courgettes étaient en train de pousser ! C’est l’avantage de travailler dans le Sud, à la fois dans ma maison et dans un studio pas très loin avec une équipe resserrée. Je m’absente trois jours au maximum de chez moi car je veux emmener mon petit garçon à l’école le matin. Je veux nourrir mes chiens le soir en regardant les chênes centenaires, les murs en pierre, et saisir la puissance de ce qui m’entoure. C’est précieux et qu’est-ce que c’est beau ! En tout cas du point de vue de la végétation, pour le monde animal, c’est autre chose…

Dans le clip de « Pourvu qu’elles soient douces », un chat est installé sur votre piano. Et un appel aux votes invite les spectateurs à envoyer un SMS pour vous soutenir en tant qu’artiste, permettant en réalité de faire un don de 1 euro à la Société protectrice des animaux. Cela fonctionne-t-il ?

Oui, on a déjà récolté au moins 6 000 euros de dons, c’est évidemment un clin d’œil aux votes pratiqués dans des émissions comme « Nouvelle Star ». Je suis fier de cette idée qui traduit la poursuite de mon engagement pour la cause animale.

Dans le duo « Paroles, paroles », de Dalida et Alain Delon, la star hollywoodienne Sharon Stone vous donne la réplique. Était-ce un fantasme ?

Non. J’avais déjà invité auparavant l’actrice américaine Pamela Anderson sur mon clip « le Lac ». Sharon Stone et elle ont des parcours extrêmement cabossés et douloureux. Contrairement aux hommes, elles ne s’en sont jamais servies pour nourrir d’une façon un peu plaintive leur carrière ou leur chemin. C’est cet axe-là qui m’intéresse.

Sharon Stone a récemment parlé d’une agression sexuelle qu’elle a subie en début de carrière. Selon vous, est-ce qu’on avance en France concernant la lutte contre les violences faites aux femmes ?

La parole s’est libérée. Malgré tout, la plupart des décisions de justice ne sont pas traitées à la hauteur de ce changement de perception qu’entraîne un mouvement comme MeToo. Ça suit parfois, comme sur l’affaire Weinstein qui est mise en lumière. Mais, chez nous, de nombreuses victimes ne sont pas défendues comme elles devraient l’être. Et le patriarcat est toujours là.

Vous venez de terminer le tournage de la deuxième saison de la série « Panda », sur TF1, où vous campez le rôle d’un policier « à la cool ». Vous sentez-vous profondément comédien ?

Absolument pas, même si j’y prends un plaisir fou. S’il y a une légitimité à ma présence dans une telle série, à aucun moment je me dis : « Désormais, tu t’installes à la télé. » Jouer la comédie est un sas de respiration et cela reste un hobby, un voyage.

Croyez-vous au hasard ?

Je crois au travail. Avec une certaine foi intérieure, et, si on ne condamne pas les parts de rêve qui sont en nous, des choses incroyables peuvent se produire. L’impossible, c’est celui qu’on vous raconte, mais il n’est jamais inscrit en vous.

Imposteur, Julien Doré, Sony Music. Tournée des Zéniths : le 1er mars 2025 à Aix-en-Provence, le 6 mars à Rouen, le 7 mars au Mans… Toutes les dates sur www.juliendoreofficiel.com.

Au plus près de celles et ceux qui crée

Quels souvenirs gardez-vous de l’époque « Nouvelle Star » ?

Ma vie a changé du jour au lendemain. D’un coup, on s’intéresse à moi, on me maquille, on me filme. La veille je travaillais encore sur des chantiers en manutention, après des études aux Beaux-Arts. J’habitais à Nîmes et le week-end on répétait avec mon groupe dans le hangar de la société qui m’employait. Et quand on avait un concert dans un bar, le patron nous prêtait une camionnette pour amener la batterie, l’ampli… Ça a duré cinq ans et ça m’allait très bien.

On vous a parfois reproché un certain superflu dans la réalisation de vos chansons. Or, ce qui frappe dans ce disque, c’est la sobriété des arrangements.

On n’est pas forcément obligé de « torturer » une chanson pour lui donner une légitimité. Quand j’interprète « les Yeux de la mama », écrite par Kendji Girac, je n’ai pas besoin de l’amener dans un ailleurs trop lointain. Car sa raison d’être, à cet instant-là, est due à mon interprétation intime et à l’émotion qui me traverse. Il y a toujours un endroit où ça parle terriblement de moi et, quand les autres le perçoivent, c’est que la reprise est réussie.

La langueur imprègne bon nombre de ces titres. Pourquoi ce choix ?

Reprendre des morceaux très produits comme « Toutes les femmes de ta vie », des L5, et « Pourvu qu’elles soient douces », de Mylène Farmer, avec une musique profonde fait qu’on ne reçoit pas les paroles de la même façon. On a utilisé des claviers des années 1970, des cordes et le piano avec l’idée d’apporter de la chaleur et de l’élégance. C’est comme si j’allumais un feu de cheminée que j’avais éteint il y a dix-sept ans.

Quels souvenirs gardez-vous de l’époque « Nouvelle Star » ?

Ma vie a changé du jour au lendemain. D’un coup, on s’intéresse à moi, on me maquille, on me filme. La veille je travaillais encore sur des chantiers en manutention, après des études aux Beaux-Arts. J’habitais à Nîmes et le week-end on répétait avec mon groupe dans le hangar de la société qui m’employait. Et quand on avait un concert dans un bar, le patron nous prêtait une camionnette pour amener la batterie, l’ampli… Ça a duré cinq ans et ça m’allait très bien.

On vous a parfois reproché un certain superflu dans la réalisation de vos chansons. Or, ce qui frappe dans ce disque, c’est la sobriété des arrangements.

On n’est pas forcément obligé de « torturer » une chanson pour lui donner une légitimité. Quand j’interprète « les Yeux de la mama », écrite par Kendji Girac, je n’ai pas besoin de l’amener dans un ailleurs trop lointain. Car sa raison d’être, à cet instant-là, est due à mon interprétation intime et à l’émotion qui me traverse. Il y a toujours un endroit où ça parle terriblement de moi et, quand les autres le perçoivent, c’est que la reprise est réussie.

La langueur imprègne bon nombre de ces titres. Pourquoi ce choix ?

Reprendre des morceaux très produits comme « Toutes les femmes de ta vie », des L5, et « Pourvu qu’elles soient douces », de Mylène Farmer, avec une musique profonde fait qu’on ne reçoit pas les paroles de la même façon. On a utilisé des claviers des années 1970, des cordes et le piano avec l’idée d’apporter de la chaleur et de l’élégance. C’est comme si j’allumais un feu de cheminée que j’avais éteint il y a dix-sept ans.

Ingrid Pohu, l'Humanité

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