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Musique. Kimberose, nouvelle étoile de la soul

Victor Hache, L'Humanité

Kimberly Kitson Mills, chanteuse aux origines anglo-ghanéennes du groupe Kimberose, sort son premier album, Chapter One. Un opus aux contours jazzy, teinté de modernité, où elle révèle une voix digne des plus grandes artistes de soul music.

Vingt-six ans et déjà tout un vécu dans la voix. Kimberly Kitson Mills, chanteuse du groupe Kimberose, vient de sortir l’album Chapter One. Soit le premier chapitre de l’œuvre d’une artiste qui a d’abord écouté la BO de son époque (Beyoncé, Britney Spears, etc.), avant de tomber amoureuse de la soul music : « Ce qui m’a plu dans la soul, c’est le côté non lisse, confie-t-elle. Etta James qui fait partie de mes divinités, la première fois que je l’ai vue chanter grâce à des vidéos sur YouTube, j’ai pris une claque. C’est rare des artistes qui se donnent comme ça, à s’en faire mal. Elle n’essaie pas d’être belle, elle vit sa musique. Quand elle dit “I love you”, on y croit. »

Parmi ses références, il y a aussi Billie Holiday, dont le timbre l’a transpercée dès la première écoute : « J’ai pleuré, je n’avais jamais entendu une intonation pareille. Elle a inventé une façon de chanter. » Mais, quand Kim monte sur scène, on pense surtout à Amy Winehouse, à cause de ce mélange de force et de fragilité que l’on sent au travers de sa voix : « C’est une artiste qui m’a beaucoup touchée. Elle a amené cette sincérité, un côté sans filtre qui est en voie de disparition. »

Une ascension fulgurante

kimberose.jpgKimberly a d’abord sorti un EP à l’automne 2017, porté par le tube I’m sorry qui lui a valu de se produire dans l’émission Taratata. Ce vendredi 23 mars, elle sera au Café de la Danse et, en mai, elle jouera à la Cigale, à Paris. Une ascension fulgurante pour celle qui, il y a encore deux ans, suivait des cours pour être infirmière.

Née à Athis-Mons (Essonne) d’un père anglais et d’une mère originaire du Ghana, la chanteuse qui a vécu les douze premières années de sa vie près de Londres, s’est longtemps cherchée, multipliant les expériences. Parallèlement à ses études, elle a été hôtesse d’accueil et a même fait un passage à la Nouvelle Star, en 2013, « un parcours qui m’a appris à me connaître et m’a aidée à comprendre que ce n’était pas le chemin vers lequel je voulais aller ». Kim a toujours eu la passion de la musique, sans oser vraiment chanter devant les autres.

Jusqu’au jour où elle a rencontré, en fac de psychologie à Paris, Anthony (guitare) et Alexandre (clavier), avec qui elle a formé Kimberose, qui l’ont aidée à prendre confiance en elle : « Quand je l’ai entendue chanter, j’ai compris qu’il y avait quelque chose à faire, raconte Anthony. Je suis tombé amoureux de son univers, de la fragilité et la fissure que l’on entend dans sa voix. On a commencé à composer ensemble, mais elle n’était pas prête. C’était il y a sept ans. Il n’y avait pas encore d’histoire à raconter. Elle était trop jeune, immature. »

Il faut dire que Kimberly venait tout juste de passer son bac et qu’elle ne se sentait pas prête à se lancer : « Il y a eu les événements de la vie qui m’ont marquée, comme la mort de mon père d’un cancer foudroyant (en 2010). Ça a fait naître des émotions tellement fortes que j’ai voulu les extérioriser dans ma musique. » Elle parle de tout ça dans Chapter One, de son père, d’amour déçu, d’absence et de manque. Onze chansons interprétées en anglais, où elle n’a pas peur de dévoiler son âme : « Avec le temps, j’ai compris que ce n’était pas grave de se tromper. L’important, c’est d’être soi-même. »

Un répertoire aux accents soul, accompagné d’une reprise blues-folk de Where Did You Sleep Last Night ?, morceau popularisé par Nirvana, qui témoigne de son envie de ne s’interdire aucun style : « Aujourd’hui, la musique est un peu propre, sourit-elle, ça sent trop bon. Nous, on aime bien quand c’est un peu “sale”. » Le début d’une carrière prometteuse.

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