La chanteuse de 32 ans reprend sa tournée pour défendre son nouvel album, The Fool. Elle sera l’une des têtes d’affiche de la prochaine Fête de l’Humanité.
« The Fool est vraiment mon album de cœur, celui où je me livre le plus », confie Jain. Sur ce disque-concept, chaque chanson correspond à une carte du tarot de Marseille. Associé à l’arcane de la roue de la fortune, le titre Take a Chance parle de l’affirmation de soi. Tout un symbole pour l’autrice-compositrice qui prend un virage électro-psychédélique très seventies en alternant morceaux rock dansants et ballades planantes en guitare-voix.
Quelles sont vos sensations pour ce retour sur scène après quatre ans de pause ?
Je suis hypercontente d’autant que je reviens entourée d’une formation de quatre musiciens. Une première. Avant, je me produisais toujours en solo. Et je suis heureuse de faire vivre ce nouvel album très organique, qui trouve toute son ampleur en live.
Exit les machines ?
Non, je joue encore du looper que j’utilisais beaucoup sur mes anciens shows. Avec mon groupe, on a réorchestré mes premières chansons en y ajoutant, comme sur The Fool, une dimension plus psychédélique. Les morceaux se veulent aussi plus électro. Mon but est de faire danser les gens au maximum !
Vous sortez la boule à facettes ?
Non, moi je sors le tarot de Marseille ! Et Dior signe mes tenues de scène, des robes à sequins assez brillantes qui reprennent les motifs des dessins de mes cartes. On a également fait un gros travail sur la lumière avec une scénographie sobre, sans écran. C’est une sorte d’hommage aux groupes des années 1970. Tout est concentré sur les musiciens et moi. Sans fioriture.
Les petites filles mettent des robes à paillettes
Après la tournée des zéniths à l’automne dernier, vous vous produisez dans des salles plus intimistes, notamment au Trianon, du 5 au 8 mai prochains. Pourquoi ce choix ?
Cela me fait aussi du bien de voir le public de près. L’énergie est plus concentrée que dans une grande salle. Quand ça prend, c’est magique ! On est comme dans un cocon avec l’impression hyperagréable d’être entre nous. Cela correspond à l’esprit intime de The Fool.
Avez-vous le sentiment de vous livrer davantage ?
Oui, le partage est différent. Sentir cette proximité avec le public me touche, d’autant que je n’ai pas joué dans une salle intime depuis six ans. Or, c’est là que j’ai fait mes débuts. C’est très gratifiant de réaliser le chemin parcouru. Je fais un cadeau aux gens et je m’en fais un par la même occasion.
Vous avez commencé votre carrière il y a bientôt dix ans. Le public des débuts vous a-t-il suivie ?
Oui, je pense. Je me suis lancée avant l’arrivée des réseaux sociaux. La scène a vraiment été le moteur du succès. Aujourd’hui, ce troisième opus m’amène un nouveau public. Et je l’aime beaucoup parce qu’il bouge. Depuis la sortie de mon premier album, Zanaka, en 2015, des personnes de tous les âges viennent à mes concerts. Ma musique est fédératrice.
Notamment auprès du jeune public…
Les petites filles assistent souvent costumées à mes shows. Avant, elles portaient des combinaisons bleues et des robes à col Claudine comme moi, aujourd’hui, elles mettent des robes à paillettes. C’est très mignon. Pas mal de parents me disent qu’ils emmènent leurs enfants me voir pour leur premier concert. Quand ils seront grands, ils se souviendront de cette expérience.
Avec ce nouvel album plus introspectif, avez-vous le sentiment d’avoir pris plus de risques ?
Dans l’écriture, j’ai composé beaucoup de titres en guitare-voix. Je laisse plus de place à ma voix, ce que je ne m’autorisais pas avant. Avec des chansons plus planantes, j’ai pu davantage l’explorer. Elle est moins « gimmick » qu’auparavant.
Dans The Fool, il est beaucoup question de la redécouverte de soi. Comment cela s’exprime-t-il chez vous ?
Cela passe par des prises de conscience. Comprendre que je peux devenir plus indépendante et me remettre en question est ma plus grande liberté d’artiste. Revenir avec un répertoire très différent m’a permis de m’ouvrir un peu plus aux autres, humainement et artistiquement. C’est une étape que je devais franchir.
Est-il facile de s’ouvrir à des thèmes comme la féminité, la sensualité ?
Il m’a fallu trente-deux ans pour me sentir femme. Aujourd’hui, je suis à l’aise avec l’idée de chanter des titres qui parlent d’amour et de désir. Je n’aurais pas pu le faire sur mes deux premiers albums. Grandir et m’épanouir en tant que femme m’a pris du temps. Il y a encore un peu de chemin, mais je me sens très bien dans ma peau et dans ma vie.
Vous sentez-vous plus libre ?
Oui, je l’ai vraiment senti en composant ce disque pendant quatre ans. Quel luxe d’avoir eu tout ce temps. L’auteur américain Jason Glasser m’a aidée à enrichir mes textes. J’explore désormais des images et des profondeurs, même si ça se veut assez simple. Bref, ce nouveau souffle fait du bien car je ne veux surtout pas stagner dans ma propre musique.
Vous participerez pour la première fois à la Fête de l’Humanité.
Sur scène oui. Mais j’y suis venue comme spectatrice en 2015. Manu Chao avait assuré le concert de clôture. J’avais adoré. Cette fête engagée fédère et représente avant tout la solidarité. Je suis très honorée d’y jouer cette année car faire la fête tous ensemble est un acte fort. Et l’humanité inspire beaucoup ma musique.
Une dernière chose, vous avez écrit avec votre sœur Cityzen (Dupuis, 2022), une fable écologique sous la forme d’une bande dessinée. Y aura-t-il une suite ?
Pour l’heure, ce n’est pas prévu mais, pourquoi pas, si je fais à nouveau une pause de quatre ans. À la fin de la tournée, en octobre, je m’attellerai d’abord à l’écriture de mon prochain album. Les chansons de The Fool sont nées dans une cabane à Marseille. Je pense aller explorer d’autres ailleurs !
The Fool, de Jain, Spookland/Columbia.